Je change mon ticket, une fois de plus. Je ne sais plus quand je pars, ni pour ou exactement. En attendant je reste la. Bettie me dit que si je ne sais pas c est que je ne suis pas prete a partir. Alors je reste. Perdue dans le zion comme ils disent ici. Dans les montagnes au milieu des plantations sur lesquelles les rastas construisent leur petite cabane et font pousser tubercules en tous genres, bananes, avocats, papayes, … Du vert a perte de vue avec au loin le bleu de la mer. La plage a deux pas.

Au fond, pourquoi est ce que je devrai limiter a quelques jours ce que eux vivent toute l annee?

Je commence a m enraciner malgre moi, a m attacher a la terre, aux gens que je rencontre et que je frequente. Comment resister?

Comment retrouver l energie de partir, de quitter leurs sourires, de s en aller quand chaque jour promet de nouvelles decouvertes pour le lendemain?

La rentree scolaire approche ici, je pense a la mienne que je vais manquer. Le temps me manque. Pourquoi faut il que cela prenne fin?

Nomade, c est renoncer a s implanter, n avoir plus de maison pour n avoir nulle part ou rentrer, ne plus avoir a rentrer. Se construire des cocons partout ou cela est possible et quitter la chrysalide quand les ailes sont pretes, alors que nous sommes un nouvel etre, pas tout a fait different ni tout a fait le meme.

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Je ne peux pas me resigner a quitter la Dominique. Je change a nouveau mon tiquet de bateau pour le 28.

Toujours ce meme cybercafe. A l exterieur il pleut. Les toles du toit font office de passoire. Et le sol se peuple de seaux et recipients en tout genre entre les cables electriques.

Je rencontre quelques francais installes sur l ile. Ils se sont jures de ne jamais plus remettre les pieds en Europe.

Cyber cafe de Calibishie, nord de la Dominique. Une petite case en bambou et en bois peinte en jaune et vert. La porte du fond est ouverte, laissant voir les cocotiers, la plage et la mer a moins de 10 metres. Voila pour l’instantane carte postale.

J’ecris sur un vieil ordinateur, avec encore lecteur de disquettes donc pas de photos/videos pour aujourd’hui encore.

Je loge actuellement chez Fedrick, a Woodfort Hill au nord de l’ile, apres un sejour a Tarreau sur la cote ouest chez Joanne. Les dominicains sont d’une infinie gentillesse, la vegetation luxuriante, chacun ou presque cultive son petit bout de jardin, papayes, bananes, concombres, carottes, mangues, quenettes, darshin, et beaucoup d’autres que je ne saurais ecrire. Je donne un coup de main au jardin de la mere de Joanne quand j’en ai l’occasion. Le soleil tape, cela me vaut un petit tour a l’hopital pour un malaise, perfusion saline, mangez du sel, buvez de l’eau et au revoir.

Traverser la jungle, accrochee a l’arriere d’un pick up, la mer, la vie qui coule doucement…

J’ai change mon billet, je reste une semaine supplementaire. L’envie de rester la simplement.

Depart pour la Martinique le 19.

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